A en croire Clausewitz, la guerre serait la continuation de la politique par d’autres moyens. Sauf que cette position postule le caractère rationnel du politique, et partant, le caractère rationnel de la guerre. Or, toute tentative de résoudre par la force une problématique préexistante est révélatrice d’un échec d’une rationalité politique à la solutionner par ailleurs, ou du moins révélatrice de l’inadéquation de cette rationalité à cerner la problématique posée, de manière à ne pas être contraint à user de la force brute, usage qui se révèle au bout du compte presque toujours la solution la plus coûteuse et la plus aléatoire.
Et pourtant, il faut rappeler ici que la logique de la guerre est consubstantielle à la logique historique de l’État ; c’est la guerre qui a toujours été la situation « normale » de l’État, et pas la paix – qui n’est qu’une période de préparation à la guerre. La logique de l’État est centrée sur la confrontation et l’interdépendance, l’interdépendance conflictuelle, entre différentes entités étatiques, cette confrontation dans l’interdépendance étant également le cœur même de l’économie, confrontation dans l’interdépendance qui permet aujourd’hui de constater comme jamais, avec le conflit russo-ukrainien, que l’économie n’est au fond que la continuation de la guerre par d’autres moyens.
Si la guerre obéit à l’origine à des stratégies d’ordre politique, à des stratégies de souveraineté, son développement est presque toujours synonyme de dissolution, de fragmentation, de cet ordre politique, aussi bien pour l’agresseur que pour l’agressé : à ce titre on pourrait dire, au moins pour les temps présents, que toutes les guerres finissent en échecs politiques – si on prend en compte les objectifs initiaux : que la guerre puisse passer pour un moyen rationnel d’obtenir ou de préserver des objectifs politiques rationnels est pour moi incompréhensible, ce qui veut dire que la logique de la guerre se trouve ailleurs, dans les logiques de puissance, qui sont toujours des logiques de séparation, de division (trancher dans le vif…, dans le noeud gordien… ). L’incapacité des États contemporains à conclure les guerres interroge donc directement sur la pertinence historique de la forme État.
Analyser la guerre du point de vue politique a ceci de particulier, et de contradictoire, que le politique marque et exprime la cohésion d’un ordre interne : or la guerre est une façon de traiter une cohésion étatique du point de vue d’un ordre externe, du point de vue de l’intégration conflictuelle d’une logique étatique, qui a certes aussi ses contraintes internes, dans un ordre plus large. Une guerre ne peut jamais seulement avoir des causes internes, elle est toujours l’expression, au contraire, d’un problème d’articulation d’une cohésion interne et d’une cohésion externe, les deux étant devenues réciproquement problématiques.
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L’intervention poutinienne résonne d’autant plus fort qu’elle ressemble au retour d’un spectre que l’on croyait disparu : non que les guerres aient elles-mêmes quitté la scène internationale, bien au contraire, dans la mesure où l’intensification militaire des impasses planétaires est bien visible, du 11 septembre à l’Afghanistan, de l’Irak à la Syrie, de l’Afrique à l’Asie… Depuis l’effondrement de l’URSS et de son glacis, on assiste à la déliquescence progressive de l’ordre international global qui s’était patiemment construit durant la guerre froide. Avec la Russie de Poutine, on a l’impression d’un refus radical de se vivre et de se penser seulement comme un simple État parmi d’autres, de faire le deuil de son ancienne puissance d’échelle planétaire : de ce fait, l’Ukraine n’est pas l’objectif de la guerre, mais seulement le moyen de la guerre, le moyen de rêver une ancienne puissance, reconstruite autour d’une mythologie slave dopée sous perfusion avec l’arsenal soviétique. Dans cette équation entre, bien entendu, le piteux retrait américain d’Afghanistan sur fond de crise de légitimité du pouvoir politique fédéral ; l’incapacité de la France de contrôler efficacement la zone sahélienne africaine, avec, également, une crise de légitimité du pouvoir politique face à une contestation sociale qui forme un bruit de fond permanent même si elle peine à se construire ; un affaiblissement larvé de l’Otan, entre des relations difficiles avec la Turquie et le mépris US envers des alliés européens, comme dans l’affaire afghane, sans parler de l’histoire des sous-marins australiens ; une Europe qui est toujours à la peine pour construire un semblant d’unité et dont il convient d’accentuer les divisions, après la bonne nouvelle du Brexit ; le blanc-seing donné par Biden à Poutine concernant sa garantie de non-intervention… Et caetera.
Il est symptomatique que depuis une semaine l’explication centrale de la guerre en Ukraine repose sur le statut de la santé mentale de Poutine : il convient au contraire de comprendre cette guerre dans le contexte global d’un effondrement des puissances établies, ce que les références à la paranoïa du maître du Kremlin permettent opportunément de camoufler dans le vacarme des missiles.
Si tout le monde voit bien l’affaiblissement de la puissance russe à travers le déclenchement même de cette guerre – au point de ne même pas oser employer le mot, et de n’en même pas informer ses troupes qui, semble-t-il, pensaient être « en exercice » ! –, celle-ci ne devient significative que dans le contexte de la transformation du jeu mondial des puissances, transformation qui ressemble au défi de tenter de rester debout sur la planche savonneuse de l’histoire, dans le moment même où se brisent les garde-corps idéologiques qui avaient suggéré jusque-là une sécurité, du moins un statu quo relatifs.
Le traumatisme déclenché par l’invasion russe tient en partie à ce qu’elle se passe au nom de référentiels historiques qui ne fonctionnent plus : ce n’est pas tant Poutine qui aurait perdu la raison, que la raison revendiquée qui aura perdu le monde qu’elle gouvernait jusque-là. Poutine demande à être reconnu par l’Otan pour se convaincre que le monde qui avait créé cette alliance militaire existe encore toujours, et qu’il peut donc y maintenir son rang. Ce n’est pas Poutine qui est fou, c’est le monde, un monde qui, parce qu’il permet les jeux de puissance, permet à certains d’en user et d’en abuser, ce qui est la prérogative même de la puissance. Il est de bon ton ces derniers temps de traiter Poutine de dictateur, comme si ce mot était aujourd’hui l’insulte suprême, voire l’expression d’un exorcisme verbal : ce faisant on ne l’accuse que de faire un usage disproportionné d’un pouvoir dont fondamentalement personne ne conteste le principe de séparation.
Les commentaires sur la volonté de Poutine de « profiter » d’une faiblesse chronique des Occidentaux se constatent partout : les listes de ces capitulations, réelles, fleurissent, mais non pas pour dénoncer des jeux de puissances partagés par tous, mais seulement pour condamner un mauvais joueur, quelqu’un qui outrepasse d’anciens compromis provisoires dans un jeu fondamentalement sans règles intangibles.
Le monde entier semble applaudir les sanctions ciblées contre les oligarques russes et leurs fortunes particulières, laissant croire à la possibilité d’une sorte d’autorégulation « morale » d’un capitalisme dévergondé, comme si cette oligarchie économique et financière n’obéissait pas aux mêmes règles que tous les autres exploiteurs d’une situation de puissance sur la planète, et n’était coupable, en somme, que de mauvaises fréquentations politiques locales, en en profitant juste au passage pour s’économiser d’y mettre les formes ailleurs convenues.
L’incrédulité véritablement générale suscité par cette intervention globale russe en Ukraine est la marque d’un saut « qualitatif » dans les affaires du monde : elle met à nu, sans fioriture, l’inanité des prétendues règles de fonctionnement du monde, fondées sur un délire de la puissance, non pas d’un homme, mais d’un ordre mondialisé, et sous toutes ses facettes, dont la militaire n’est que la plus vulgaire et la plus sanglante, mais qui resterait présentable lorsque l’on parle poliment d’économie, de science, de technologie, de fortune, d’inégalités, de culture même, bref, de pouvoir, etc.
Contre tous les calculs, et cela montre bien que la guerre ne saurait être réduite à des stratégies de maximisation, non seulement l’Ukraine ne s’est pas effondrée comme un château de cartes, ce qui aurait permis de donner un minimum de consistance au rêve d’une reconstruction de l’unité d’un monde slave (qui n’a jamais existé en tant que tel), mais cette « opération spéciale », qui avait pour vocation de souligner la faiblesse de l’Europe – voire de contribuer à accélérer sa division, a réussi l’exploit de donner un nouveau souffle tant à la société ukrainienne qu’à une entité européenne : face à cette situation imprévue, la survie même de la Russie de Poutine est aujourd’hui en cause, ce qui ne la rend que plus dangereuse en lui fermant, pour l’instant du moins, toute solution rationnelle de repli.
L’erreur serait de penser que, contrairement à la propagande médiatique, ce qui serait en jeu serait une opposition frontale entre les nobles forces de la démocratie du « monde libre » et les tortueuses « forces du mal » autocratiques, approche qui ne fait que canaliser ce qui se joue dans les sentiers balisés de l’ancienne guerre froide. Or, ce conflit n’est possible que parce que la logique de la guerre froide ne fonctionne plus – sinon il n’y aurait pas eu de conflit : et c’est bien ce qui panique toutes les chancelleries, le fait que les cadres connus se liquéfient sous nos yeux, quand bien même la majorité des acteurs, dont Zelenski, continuent d’user et d’abuser d’un vocabulaire issu de l’avant 68. Les chroniqueurs soulignent avec régularité que Poutine fait éclater l’ordre géopolitique issu de la Deuxième Guerre, mais c’est plutôt l’effondrement antérieur de cet ordre qui explique la réaction russe.
En effet, si la mobilisation ukrainienne inscrit son combat dans une espérance démocratique, c’est d’abord d’un esprit général qu'il s’agit : rares doivent être ceux qui ont en tête une architecture institutionnelle précise et qui aurait fait ses preuves dans les régimes de l’Ouest européen, à l’heure même où ces régimes institutionnels sont eux-mêmes en crise. Bien sûr, c’est une occasion en or pour les institutions en place de confondre l’état effectif de délabrement de ces institutions avec une espérance démocratique décrite et présentée comme volonté de copier un existant idéalisé.
Dans le même esprit, la mobilisation de masse ukrainienne est comparée à la naissance d’une Nation, dans un esprit proche de ce qu’aurait pu être Valmy, ou le Printemps des Peuples des années 1848 (qui s’était malencontreusement arrêté aux portes des mondes slaves), de quoi tenter de raviver, à usage interne, une mythologie complètement en panne : où comment faire bégayer une histoire où pourtant, si on peut retenir une sorte de règle, rien ne se passe jamais comme prévu, aucun événement ne peut être considéré comme une répétition, à rebours d’un concept central de la modernité : celui de révolution (ré-volution, au sens de retour du même ; à noter également qu’en politique classique l’antithèse de cette révolution serait la continuité, le renouvellement permanent du même : ce qui montre que la perception et la compréhension de la « nouveauté » historique est probablement la difficulté majeure de toute interrogation historique).
Pas plus que Poutine ne peut réhabiliter la guerre froide, Zelenski ne peut rejouer la renaissance de la Nation ukrainienne : d’ailleurs pourquoi les Ukrainiens pourraient-ils réussir là où depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, s’il fallait identifier un échec politique récurrent, ce serait celui de l’idée nationale, qui peu ou prou n’a nulle part réussi à s’épanouir et surtout à se maintenir pleinement, sans réserves et sans désillusions. Ce qui se passe actuellement en Europe centrale pourrait en être la démonstration.
Dans le cas des « révolutions de couleurs » comme des « printemps arabes », c’est à mon avis une erreur de ne retenir de ces mouvements que la traduction idéologique estampillée guerre froide qui en a globalement été donnée : personne n’a probablement voulu ou su voir la part de ces mouvements qui échappe au cadrage mental convenu, de la même manière que l’on n’a rien compris au mouvement des Gilets jaunes si on reste englué dans l’opposition gauche-droite, également vestige de la guerre froide, et qui tente désespérément de ne pas sombrer complètement dans le processus électoral français en cours. On peut également trouver une trace de ce verrouillage mental dans l’incapacité générale de bouleverser le sens des priorités pour aborder de front l’impasse écologique majeure dans laquelle nous sommes déjà englués. C’est un peu, pour prendre une image dans la littérature de science-fiction, comme si nous étions plongés dans un maelstrom de réalités parallèles qui se matérialisent, se télescopent, infusent les unes dans les autres, sans que les hommes ne sachent plus vraiment dans laquelle ils sont ni dans lesquelles ils agissent et interagissent…
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On peut s’interroger, une fois de plus, sur la nature des réactions suscitées par cette agression militaire chez les Occidentaux si on se rappelle leurs tergiversations et leurs faux-fuyants dans le traitement « humanitaire » des autres très récents conflits guerriers : pendant que l’on ouvre en grand les frontières aux (seuls) Ukrainiens, les fermetures rétrospectives de leurs frontières aux réfugiés des autres conflits armés sont d’autant plus révulsantes ; les destructions effectives de villes des autres continents ne suscitent que des réprobations polies quand la même menace sur Kiev-Kyiv fait figure d’annonce de l’apocalypse.
Accuser Poutine de folie dans cette histoire, brusque changement comportemental à l’appui, revient à permettre de passer sous silence ces dernières décennies de conflagrations géopolitiques : c’est s’interdire de comprendre la situation actuelle comme le résultat final d’un dramatique jeu de puissances où toutes pariaient sur un avenir à leur convenance, où toutes calculaient et négociaient des prises d’intérêts de pouvoir et d’influence. Peut-on comprendre la position de Poutine comme la réaction de quelqu’un qui ne veut pas admettre de perdre et qui affirme que, justement, les jeux ne sont pas faits, ne sont pas encore faits ? Le problème c’est que ce jeu est devenu perdant-perdant pour tout le monde… Il faut absolument dénoncer une approche qui voudrait faire croire que les torts ne seraient que d’un seul côté : certes la Russie est ici clairement et indiscutablement l’agresseur de l’Ukraine, mais cette histoire n’a pas commencé la semaine dernière, elle est la conclusion, en grande partie sur le dos de l’Ukraine – comme d’autres entités étatiques avant elle, d’une dérive générale finalement non maîtrisée de toutes les « grandes » parties prenantes : sinon on en reste au principe de la condamnation « morale » du méchant, alors qu’ils sont tous responsables d’un monde de confrontations, confrontations pensées et assumées comme fondatrices de l’ordre mondial, confrontations qu’ils ne subissent pas unilatéralement mais qu’ils orchestrent au final en connivence, même si c’est à des degrés évidemment divers.
Il faut rappeler que c’est le propre des logiques étatiques, mais de manière encore plus visible dans les régimes autocratiques, autoritaires et/ou dictatoriaux, de considérer que toute déstabilisation de leurs cohésions internes est nécessairement et systématiquement le résultat de manœuvres externes : la lente décomposition de la société russe après son illusoire dépassement de la société soviétique, est ici réinterprétée comme manœuvre d’encerclement et d’étouffement de la part de l’« Occident global », ignorant que cette crise du monde russe doit être inscrite dans la crise globale de l’économie-monde, comme une réplique locale d’un phénomène plus général : comme l’éclatement de sa cohésion interne est intensément vécue comme résultant d’une intervention extérieure, et en premier lieu américaine, la confrontation prend automatiquement une tournure militaire, et d’autant plus que les seuls mais terribles lambeaux de puissance qui lui restent reposent sur son appareil militaire et son arsenal nucléaire, qui, depuis l’effondrement de l’URSS ont continué à constituer l’essentiel de sa colonne vertébrale, même s’il a eu un gros passage à vide avant d’être rénové. On peut considérer que, pour les temps présents, et cela engage d’autres parties du monde, la perte de puissance des anciens empires est de loin plus dangereuse et dramatique que l’affirmation de leur vaniteuse invincibilité antérieure. La Russie contemporaine se vivait déjà comme en guerre avec cet « Occident global », et pas seulement sur un plan métaphorique – héritière en cela d’une posture constitutive de l’ancienne Union soviétique, dont l’effondrement et la non intégration, rêvée un temps, au monde de l’abondance marchande, a accéléré le sentiment de victimisation.
Rappelons que la puissance classique d’un État repose conjointement sur la coordination d’une force militaire, d’une force économique et d’une cohésion politique large, qui se renforcent et se soutiennent : cette configuration n’existe quasiment plus nulle part (sauf peut-être partiellement en Chine ? ). C’est une grave mais récurrente erreur d’analyse que de mesurer la puissance d’un État à la seule aune de ses capacités militaires et/ou policières : ce qui n’empêche pas un tel État d’être capable de crimes, de nuisances et de destructions phénoménales, peut-être même au contraire. Confondre force et puissance c’est faire l’impasse sur la question de la légitimité : un régime donné étant d’autant plus difficile à abattre que sa légitimité est grande – a contrario, un régime donné sera d’autant plus faible que sa légitimité sera plus réduite. Même si la destruction de cette légitimité n’est jamais suffisante, à elle seule, pour changer le cours des choses, elle en est une condition nécessaire.
La stratégie russe d’imposer un changement de régime dans un État tiers repose sur un précédent que l’on a malheureusement déjà oublié un peu trop vite : celui des Américains qui s’en sont pris à l’Afghanistan des Talibans et à l’Irak de Saddam Hussein. On peut également parler de la Serbie et de la Libye. Les Américains ont les premiers invoqué mensongèrement un génocide, utilisé l’outil diplomatique pour gagner du temps et camoufler des décisions d’intervention déjà actées, en appliquant une doctrine « choc et effroi » pour tenter de sidérer un adversaire par l’emploi d’une puissance de feu hors de proportion, et en visant à s’assurer la totale maîtrise du ciel et l’annihilation du commandement ennemi par une opération éclair. L’incompréhensible est que les Russes s’imaginent réussir là où toutes les tentatives antérieures ont échouées. Cela prouve une fois de plus que ce n’est décidément pas le souci des humains qui gouverne le monde, mais cela, on le savait déjà...
Louis, Colmar le 05 mars 2022
Quelques articles d’intérêts divers :
https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/TEURTRIE/64373
https://www.frstrategie.org/publications/autres/dossiers/ukraine-russie-2022
https://www.frstrategie.org/sites/default/files/documents/publications/autres/2022/article.pdf
https://grundrissedotblog.wordpress.com/2022/03/03/une-paranoia-de-masse
https://www.lemonde.fr/crise-ukrainienne/
https://legrandcontinent.eu/fr/2022/02/22/le-viol-de-lukraine/
https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/tenenbaum_guerre_ukraine_russie_2022.pdf
Ajout du 8/3 et postérieur
https://lundi.am/Anarchistes-et-guerre
http://acontretemps.org/spip.php?article903 (entretien avec Chomsky, repris de ballast)
https://legrandcontinent.eu/fr/2022/03/04/cent-ans-de-solitude-geopolitique/
https://lvsl.fr/linvasion-de-lukraine-le-reve-le-plus-fou-des-faucons-de-washington/