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Lubrizol : Rouen le 26 septembre 2019

 

Colère, impuissance, saturation…

Face à cette nouvelle catastrophe industrielle, certes pour le moment aux conséquences dramatiques immédiates encore limitées, seul élément de médiatisation mis en avant, les stratégies de communication institutionnelle restent dans les clous balisés et banalisés du déni.

Il n’y a pas eu de morts, donc pour l’essentiel il n’y a pas de raison de s’inquiéter…  

Les débats vont maintenant être sans fin autour de la sécurité présumée et réelle du site, des conséquences à court, moyens et long terme du passage du panache de fumées toxiques de Rouen à la frontière belge, du degré d’impact environnemental, des responsabilités directes et indirectes des uns et des autres acteurs, des enquêtes et des contre-enquêtes administratives, judiciaires, sanitaires, etc., du montant et des procédures des indemnisations : bref de la mise en branle automatique de toutes les procédures bureaucratiques qui vont permettre de diluer et de digérer l’inadmissible dans le connu et le déjà vu.

Ce qui est finalement jugé, ce ne sont pas les racines de la catastrophe, mais seulement l’aptitude de l’Etat et des diverses administrations à faire face aux conséquences. Or la question n’est justement pas là, ou malheureusement que très marginalement. Ce que j’entends par les racines de la catastrophe ce n’est pas l’enchaînement des processus chimico-physico-organisationnels qui ont dérapés, mais la perte de la place de l’humain dans le processus de production industriel (si tant est qu’il ait jamais eu cette place…), par-delà cette usine particulière de Lubrizol. L’humain n’y a plus sa place, et cette place s’est, de fait, réduite de façon continue au fur et à mesure que l’appareillage de production industriel s’est développé et concentré autour de la planète. Ce n’est d’ailleurs paradoxalement pas parce que certains secteurs industriels emploieraient plus d’humains que par le passé que la place de l’humanité dans le processus global de production s’en trouve améliorée. Tant que l’industrie serait en mesure de préserver, voire de développer de l’emploi, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles : eh bien non ! C’est faire marcher le monde sur la tête ! Ce n’est pas à la machine de laisser une place aux humains, c’est aux humains de définir la qualité de leurs relations au monde et d’y soumettre la machine. C’est la force des catastrophes industrielles de montrer jusqu’à la caricature (et Tchernobyl est en ici une figure paradigmatique) que nous sommes arrivés à un point de divorce absolu entre l’humain et la machine. Rappelons que de façon parallèle les gilets jaunes viennent de pointer le divorce entre l’économie globalisée et la survie localisée. Rappelons aussi que la « machine » est un écosystème global qu’il est impossible de réduire à un simple processus technique, mais qu’il doit intégrer dès le départ l’ensemble des processus politico-organisationnels qui permettent à ce processus technique de fonctionner. Cet écosystème global est tributaire, interdépendant, consubstantiel d’un système historique et dynamique (tautologie…) de relation au monde qui ne se définit pas essentiellement par l’opposition d’un acteur sociologiquement défini à un monde matériel donné, mais par la transformation simultanée de l’acteur et du monde en tant que moments dialectiques réciproques. Les crises actuelles auxquelles nous sommes confrontés (techniques, climatiques, sociales, politiques, etc.) peuvent se lire comme des oppositions, contradictions, incompatibilités entre acteurs, intérêts, partis-pris constitués et plus ou moins bien armés pour cela, ou bien ils peuvent se lire comme des crises de la relation au monde proprement dite, c’est-à-dire comme une crise d’identité, simultanée et réciproque, des acteurs et du monde eux-mêmes, comme une crise de ce qui les unissait jusque-là, comme une crise de l’intelligibilité de leur être-ensemble.

Face à ces crises l’accent est sans cesse mis sur les « erreurs humaines », c’est-à-dire que ce qui est pointé dans l’écosystème homme-machine du capitalisme, c’est le caractère dangereux, incontrôlable, irrationnel du facteur humain dans l’environnement machinique. La solution qui est systématiquement proposée est malheureusement de toujours renforcer la dimension machinique du système en évacuant toujours plus systématiquement le facteur de désordre que représente l’humain : pourquoi l’autre option, celle de redéfinir le cœur de la machine en partant de l’humain n’est-elle jamais évoquée, est-elle systématiquement évacuée, est-elle un impensé radical de la relation dominante au monde ? Comme l’univers technique s’est construit et continue de se développer autour de l’élimination de l’humain, du moins de l’appauvrissement et de la fragmentation continus de sa place, il devient tout à fait normal que le développement de la contradiction entre l’humain et la machine soit présenté comme « erreur humaine ».

Le problème des crises technologiques n’est pas fondamentalement un problème technique : les solutions qu’elles appellent ne sont donc pas non plus d’abord de nature technique. Une crise technologique et industrielle est une crise de la qualité relationnelle que les humains ont au monde, une crise, ou plutôt une double crise simultanée, de la définition de l’humain et de la définition du monde.

La question posée par les sites « seveso » n’est pas de trouver la bonne ou la moins pire distance avec les humains, quitte à externaliser les problèmes en-dehors des frontières, mais de définir si l’existence de tels sites, et plus globalement de tous les sites industriels (« français » ou non, ce ne sont toujours que des implantations locales de stratégies globales) est compatible avec un rapport au monde égalitaire, est compatible avec un rapport au monde où chaque humain est réellement en mesure de regarder partout sur la terre son voisin comme un égal et comme un être unique non standardisable sous l’uniforme d’une armée, d’une idéologie, du salariat…

Les sites « seveso » ne doivent pas occulter que le problème central vient de l’absence de qualité des rapports humains au sein de toutes les entreprises, et pas seulement de ce qui se passe dans certaines d’entre elles. Les entreprises du monde globalisées sont formellement organisées autour de cette absence de qualités conditionnée par de strictes exigences fonctionnelles, par-delà les rapports humains résiduels qui peuvent s’y exprimer dans les marges, et dont la seule fonction est de permettre à chacun d’y trouver les ressorts subjectifs qui étayent les soubassements plus ou moins lézardés de sa propre dignité, qui permettent à chacun de retourné jour après jour au travail accroché à cette maigre et fragile bouée de survie. Pire, le développement de la mégamachine capitaliste se nourrit fondamentalement de cet appauvrissement global des relations qualitatives entre les humains au profit de leur standardisation et automatisation de plus en plus poussées.

Les sites « seveso » ne sont pas l’exception, mais la règle, la norme, la banalité du travail et du salariat, la banalité de la structure technique et scientifique du système de production moderne : certaines caractéristiques en sont tout simplement un peu plus visibles et flagrantes qu’ailleurs. L’accent mis sur la dangerosité environnementale n’est que le paravent de l’antisocialité structurelle de l’industrie de masse dans sa globalité. C’est justement ce caractère antisocial qui explique au final que cette industrie de masse est fondamentalement incompatible avec un fonctionnement démocratique (peu importe ici les variantes envisageables) : il est de fait impossible de concevoir le fonctionnement démocratique d’une centrale nucléaire, tout comme il est impossible de rendre cette technologie accessible au plus grand nombre.

Je précise que pour moi capitalisme et industrie de masse sont interdépendants, autrement dit, la nécessaire abolition du capitalisme implique le non moins nécessaire dépassement de l’industrie de masse. Parler d’industrie de masse, c’est parler de la séparation radicale entre production et distribution au niveau de la sphère sociale, au niveau de l’humain, même si bien entendu pour le capitalisme globalisé ces sphères sont totalement intégrées. Le problème posé par la production de masse n’est pas la plus ou moins grande difficulté d’accéder aux marchandises produites, (ce qui sous-tend « seulement » un problème d’inégalité d’accès aux marchandises dans la distribution – la sphère de la production préservant un certain statut de neutralité, aux inégalités de traitements près des travailleurs impliqués, qui resteraient là aussi un problème particulier appelant des réponses particulières). Non, le problème posé par la production de masse, et la massification, la centralisation mondiale de la production, c’est bien l’évacuation de l’humain comme moteur historique principal de son développement. Mais entendons-nous bien : cette évacuation est consubstantielle à son développement, non une trop simple erreur engendrée par le détournement d’un processus bon en soi, au profit d’un groupe social particulier qu’une reprise en main, par exemple plus démocratique, pourrait corriger.

Le travail, au sens capitaliste du terme, est toute activité qui vise, (intentionnellement ou non ?), à dévaloriser le rapport au monde d’au moins un humain quelque part sur la planète (mais tendanciellement celui de tous les humains). Toute production de masse ne peut se développer qu’en supprimant du travail ailleurs, qu’en supprimant des relations sociales plus loin, qu’en modifiant des relations au monde partout. Supprimer du travail n’est cependant pas tout à fait le même chose que diminuer le nombre d’humain nécessaires à un moment donné dans le processus de production : cela signifie non seulement que la part de l’humain par unité de marchandise ne peut que diminuer, mais également que l’appauvrissement de la relation au monde de chaque humain ne peut qu’augmenter… Toute sa logique de développement repose sur la déstructuration active des socialités existantes sur la totalité de son aire de marché, ce qui permet éventuellement de sauvegarder l’illusion de son utilité locale. Bien entendu, il faut aussi rappeler que la dynamique du capital fait que cette déstructuration des socialités existantes recrée continuellement de nouvelles strates de socialités, mais en distendant, en fragmentant et en désintensifiant sans arrêt les nouveaux niveaux de socialités qui en résultent.

Il faut en finir avec cette tarte à la crème du travail qui serait une activité productive, une activité sociale, une activité rémunératrice, le fondement de l’identité individuelle, le ciment du fait sociétal ! On nage ici en pleine confusion idéologique : tous ces aspects sont bien ce qu’une authentique activité générique devrait être, mais ils représentent en même temps tout ce dont nous sommes aujourd’hui privés, spoliés, aliénés. Le système économico-politico-médiatique qui nous gouverne joue en permanence de cette confusion qui consiste à faire prendre l’ombre d’une aspiration légitime pour la seule réalité intangible. Tout le monde ou presque joue un honteux jeu de dupe, entre ceux qui dénoncent une aliénation absolue et systématique du travail et ceux qui le parent inconditionnellement de toutes les vertus : le propre du travail est précisément son ambiguïté structurelle, d’être le cœur d’un rapport au monde totalement contradictoire. (Dans toutes activités salariées par lesquelles je suis passé, même les plus insignifiantes, il y a toujours eu trois phases, avec des durées et des intensités variables : une de découverte, une de maîtrise des tâches et de l’environnement, et puis une phase de saturation et de rejet. Je suppose qu’il doit exister des phases ultérieures, comme la résignation et l’oubli de soi, mais je n’ai jamais été jusque-là…).

Ce rapport contradictoire au monde se manifeste dans ses trois dimensions indissolubles et indissociables : le rapport contradictoire à soi-même, le rapport contradictoire aux autres et le rapport contradictoire à la société-monde. Le propre du travail, qui ne doit plus être considéré comme une activité individuelle mais bien comme un rapport social, ou plutôt un anti-rapport social, est de scinder et d’opposer ces trois dimensions tant au niveau subjectif qu’au niveau organisationnel. Le propre de la division du travail de l’économie globalisée est non seulement la parcellisation physique et mentale toujours plus poussée de tout le processus de production dans ces trois dimensions, mais également son invisibilisation sociétale : la marchandise est ainsi devenue un objet débarrassé de toute pesanteur sociale, un anti-rapport social donc. Cette négation de la dimension sociale et de la production, et de son résultat, ne transparait plus que sous trois formes paradigmatiques, la catastrophe industrielle (reclassifiée écologique), les déchets du quotidien, et la dépression psychologique qui culmine dans le burn-out voire le suicide, bref à travers les nuisances et les pollutions. Ce sur quoi je voudrais insister, c’est que ce qui est présenté comme des excès, des travers, des dérapages malencontreux, des erreurs humaines, qu’une surcouche de technique, d’administration, de légalisme voire de moralisme pourrait atténuer sinon corriger, n’est finalement que le pendant, le revers, le verso, le filigrane du processus de désocialisation qui commande l’emballement capitaliste qui nous opprime.

Dénonçons également ici une autre approximation qui voudrait nous faire croire que notre ennemi principal ce serait la finance, l’appât du gain et l’égoïsme d’une mafia de privilégiés. S’ils ont en effet une part significative dans la production des excès du capitalisme, un capitalisme débarrassé de ses excès resterait pourtant le même système antisocial qui tire sa substance de l’économie des rapports sociaux, de leur appauvrissement : la problématique que nous avons à résoudre n’est pas une gestion équitable, démocratique, égalitaire, etc., de cet appauvrissement collectif. La critique du capitalisme doit partir à nouveaux frais de son fondement : la production de masse et la relation très particulière au monde qu’elle implique. Ce qui s’est en fait passé depuis deux siècles, à travers ce qu’il est convenu d’appeler la révolution industrielle, c’est un changement de signification, une inversion de la qualité de sa dynamique. Bien que le développement industriel ait été combattu dès l’origine, par les luddites et biens d’autres, force est de constater que passé cette première phase, la critique du capitalisme et le mouvement ouvrier se sont très globalement approprié positivement la dynamique industrielle, la logique de la production de masse et le processus de concentration de la production. Ce qui se passe aujourd’hui, ce n’est pas du tout un retour aux fondamentaux historiques de cette critique passée : c’est une nouvelle phase qui s’appuie sur l’épuisement de la dynamique industrielle non pas en raison de considérations économétriques, de lois de rentabilités, mais en tant que métamorphose du rapport social, en tant que renversement général du rapport au monde. Ce qui se passe aujourd’hui, ce n’est pas que les humains de notre époque se rendraient enfin compte qu’ils avaient eu tort de croire aux mirages du capitalisme, qu’ils se seraient laisser acheter par de fausses promesses de progrès, qu’ils se seraient laisser déposséder de leur légitime révolte, etc. Non, ce à quoi nous assistons, c’est à l’effondrement simultané de toutes les rationalités qui ont construit notre présent et de toutes les rationalités qui ont servis à le combattre. Si notre présent est bien l’héritier de cette histoire, il n’en est pas pour autant la continuité. Ce qui caractérise notre présent c’est qu’il n’est plus possible de considérer qu’il existerait un discours « vrai » sur le monde, qu’il faudrait le trouver sinon le construire pour l’opposer à la multiplicité des discours sociologiquement situés, « partisans » et « intéressés » qui en seraient la négation. Au contraire, nous voyons aujourd’hui que le seul détenteur et le seul promoteur d’un discours « vrai », exclusif, sur le monde est toujours le détenteur ou le promoteur d’un pouvoir séparé, exclusif, sur la société. Le pouvoir est toujours le pouvoir de dire, de dicter le vrai, l’unicité du véridique. La lutte pour le pouvoir est toujours une lutte pour le monopole du vrai. Le cercle vicieux dont il faut sortir c’est de contester le pouvoir au nom d’une falsification originelle du vrai, c’est de considérer que son pouvoir tiendrait à un mensonge originel : au contraire, ce qu’il faut s’attacher à montrer c’est la métamorphose de la vérité originelle qui a permis et accompagné son émergence historique en une caricature sclérosée du réel (ce qui ne suppose aucunement une approche téléologique de l’histoire !). Considéré dans le temps long, le mensonge sur le réel est avant tout la conséquence d’une perte non maîtrisée d’adéquation au réel d’un discours officiel sur le monde : le faux découle toujours dialectiquement du vrai, et non l’inverse ; historiquement parlant, le faux est toujours un vrai qui est en train de perdre le sens qui lui était auparavant reconnu.

Nous sommes en train de sortir d’une conception de l’histoire anthropomorphisée, qui concevait l’histoire de l’humanité sur le modèle du sentier vaguement balisé qui menait de l’inconscience et de la soumission aux contingences extérieures propres à la petite enfance, à la sagesse et au détachement de l’homme mûr… Cette mythologie du progrès des sociétés humaines est adossée au caractère soi-disant cumulatif des connaissances, au soi-disant dévoilement toujours plus fin, plus précis, plus opérationnel de la vérité ultime du monde. Le caractère hallucinatoire de cette approche est de fait de moins en moins défendable.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à l’émergence nouvelle d’une contradiction entre ceux qui se battent pour une définition particulière et exclusive du vrai (en opposition à toutes les autres, que l’on se situe sur un plan politique, religieux, économique, etc.), et ceux pour qui le vrai est un élément d’un rapport dynamique au monde, le moment provisoire d’une pleine reconnaissance de l’altérité irréductible du monde. C’est pourquoi lorsque la contestation de ce monde cherche à opposer un contre-discours à celui du pouvoir, lorsqu’elle se situe sur le terrain du mensonge, elle ne fait au final que valider la logique séculière du pouvoir : le pouvoir peut toujours contester un discours fermé sur le vrai, il ne peut exister dans un monde où la vérité est un moment dialectique de l’altérité universelle. Les maladroites exigences de démocraties directes qui s’expriment ici et là, souvent sur des bases locales, en sont peut-être une timide expression, tout comme la recherche d’un rapport résonant aux autres et au monde qui n’a de sens qu’en dehors de toute organisation hiérarchisée du fait social. Toute hiérarchie sociale est toujours la matérialisation d’un rapport inégalitaire des humains dans la possibilité de définir le vrai, la négation institutionnelle de sa fondamentale dimension relationnelle.

Nous ne nous sommes éloignés qu’en apparence de notre point de départ, à savoir l’incendie de l’usine Lubrizol : ce que je voulais essayer de montrer, c’est qu’on n’a qu’en apparence affaire à une catastrophe technique. En fait, la référence à cette notion de catastrophe technique est ce qui permet finalement au système de la production globalisée de masquer le rapport au monde très particulier qui lui permet de justifier la nécessité de poursuivre toujours plus avant la marginalisation de l’humain. Pendant que l’on discutera sécurité et indemnisation, les affaires pourront continuer. Pendant que l’on discutera excès, dérapages et manques de contrôles, on validera l’idéal d’une maîtrise opérationnelle « normale » de la production centralisée, oubliant au passage que la négation de l’humain en est le moteur tout aussi « normal ». Ce qu’il faut au contraire souligner et dénoncer c’est le fonctionnement, normal, banalisé, quotidien, trivial du capitalisme : ce ne sont pas les catastrophes, le dérèglement climatique, les ravages de la biodiversité, etc., qui doivent fonder sa critique et la nécessité de son dépassement : tous ces épiphénomènes ne sont que des illustrations, certes spectaculaires, d’une crise multiforme beaucoup plus profonde.

Louis – Colmar le 15 octobre 2019

 

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Lubrizol : Rouen le 26 septembre 2019
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