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David Graeber, décédé il y a quelques jours, avait entrepris avec l’archéologue David Wengrow, un ouvrage consacré à une histoire des inégalités (inachevé à ce jour). Cette réflexion repose sur quelque chose qui me semble un marqueur de notre temps tout en étant un moment d’une redéfinition du réel : la transformation sur le long terme du récit historique. Ils cherchent à montrer que ce que nous avons l’habitude de nous raconter à propos de nos origines est faux et perpétue l’idée que l’inégalité sociale est inévitable.

Deux extraits de cette recherche sont disponibles :

La sagesse de Kandiaronk : la critique indigène, le mythe du progrès et la naissance de la Gauche

Il ne fait aucun doute que quelque chose a terriblement mal tourné dans le monde. Un très faible pourcentage de sa population contrôle le destin de presque tout le monde, et elle se conduit de façon de plus en plus désastreuse. Pour comprendre comment cette situation s’est produite, nous devons remonter à ce qui a rendu possible l’émergence des rois, des prêtres, des surveillants et des juges. Mais nous n’avons plus le luxe de pouvoir supposer que nous savons déjà exactement ce que c’était. En nous inspirant des critiques autochtones comme Kandiaronk, nous devons aborder les documents historiques, archéologiques et ethnographiques avec un regard nouveau.

http://www.journaldumauss.net/?La-sagesse-de-Kandiaronk-la-critique-indigene-le-mythe-du-progres-et-la

// Revue du MAUSS permanente, 28 septembre 2019 [en ligne].

ainsi que :

Comment changer le cours de l’histoire (ou du moins le passé)

Depuis des siècles, le récit expliquant les origines de l’inégalité sociale est simple. Pendant la plus grande partie de leur histoire, les hommes vécurent dans des petits groupes égalitaires de chasseurs-cueilleurs. Puis vint l’agriculture, accompagnée de la propriété privée, puis la naissance des villes signifiant l’émergence de la civilisation à proprement parler. Si la civilisation eut bien des aspects déplorables (les guerres, les impôts, la bureaucratie, la patriarchie, l’esclavage, etc.), elle rendit également possibles la littérature écrite, la science, la philosophie et la plupart des autres grands accomplissements humains.

Tout le monde, ou presque, connaît les grandes lignes de cette histoire. Depuis l’époque de Jean-Jacques Rousseau, au moins, elle a informé notre conception de la forme générale et de la direction de l’histoire humaine. Cela est d’autant plus important que ce récit définit dans le même temps ce que nous percevons comme nos possibilités politiques. La plupart d’entre nous considère la civilisation, et donc l’inégalité, comme une triste nécessité. Certains rêvent du retour à un passé utopique, de la découverte d’un équivalent industriel au “communisme primitif” ou même, dans les cas les plus extrêmes, de la destruction complète de la civilisation et du retour à une vie de cueillette. Personne, cependant, ne remet en cause la structure élémentaire de cette histoire.

https://legrandcontinent.eu/fr/2018/06/14/comment-changer-le-cours-de-lhistoire/

 

J’en profite pour signaler un texte coécrit par David Graeber et Marshall Sahlins (Introduction - livre non traduit)

Sur les rois. Thèses sur la royauté

Ce que l’on prend d’ordinaire pour une divinisation des dirigeants humains se comprend mieux, historiquement, comme une humanisation du dieu. Le corollaire de cette thèse, c’est qu’il n’existe pas d’autorité séculière : le pouvoir humain est pouvoir spirituel ­—de quelque façon pratique qu’il s’exerce.

https://legrandcontinent.eu/fr/2018/03/22/on-kings/

 

David Graeber et le questionnement de l’inégalité
Tag(s) : #inégalités, #textes web
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